
L’industrie horlogère traverse une vraie crise. La sous-traitance est en première ligne. Certains s’en sortent mieux que d’autres, mais tout le monde souffre. La reprise n’est pas attendue avant fin 2025 et il n’y aura pas la lumière de la Chine au bout du tunnel
«C’est la cata! J’ai rarement vu ça. La situation est difficile pour toute notre industrie et les sous-traitants vont souffrir.» Cette citation restera anonyme, le dirigeant qui en est l’auteur ne souhaite pas apparaître au grand jour. Sa manufacture, basée près de La Chaux-de-Fonds, plusieurs centaines d’employés, est un point névralgique pour beaucoup de fournisseurs de la région. Sur les crêtes du Jura, les entreprises sont souvent en interdépendance et, hélas pour l’écosystème, les nouvelles que donne cet entrepreneur ne sont pas bonnes: «L’activation des mesures de réduction d’horaire de travail (RHT) est prévue dès janvier et on s’accroche à l’espoir que ça reparte au deuxième semestre.» La Chaux-de-Fonds, perle du patrimoine horloger immatériel, possible Capitale culturelle suisse 2027, se prépare ainsi à traverser un long hiver les pieds dans l’eau. Pour certains, le bain sera glacé.
Pour l’heure, aucune vague de dépôts de bilan à annoncer. Mais des bruits qui courent dans toutes les rues labellisées Unesco. Telle marque horlogère indépendante aurait mis l’intégralité de ses employés au chômage, ne passe plus de commandes chez ses sous-traitants et serait au bord du gouffre. Tel fabricant sans travail convoquerait ses employés juste pour faire bonne figure et les laisse regarder Netflix toute la journée. Telle autre usine d’un grand groupe attendrait le retour des vacances de Noël pour annoncer une restructuration, avec relocalisation de son personnel sur d’autres sites. Les vacances de cette autre entreprise ont été «rallongées» de deux semaines autour de la fin d’année.
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